En 2009, Marianne Urmès obtient un Master 2 en marketing et communication à NEOMA Business School. Après un VIA (Volontariat International en Administration) en Malaisie auprès de l’Ambassade de France et l’Alliance française, elle commence sa carrière en 2010 au sein du groupe Mazars, en tant que Chargée de communication internationale et Responsable de la Diversité. En 2014, elle rejoint The Boson Project, un cabinet de conseil qui guide les entreprises dans leur transformation managériale, en tant que consultante RH. Passionnée par le secteur culturel, elle est également manager d’artistes à mi-temps. Depuis mai 2020, elle occupe la fonction de Head of People and Culture chez Too Good To Go, une entreprise qui lutte contre le gaspillage alimentaire. Portrait d’une DRH passionnée et engagée.
Pourquoi les RH ?
Comme beaucoup de responsables RH, je n’ai pas suivi une formation dans le but de travailler dans ce domaine. J’y suis arrivée sur le tard, après un parcours varié.
Je me suis dirigée vers les RH par conviction. A mes yeux, l’humain est la plus grande force de l’entreprise. Il n’y a pas de plus belle mission que de prendre soin des hommes et des femmes qui la composent, et de créer les conditions pour que chacun puisse exprimer son plein potentiel. Cette mission est à la fois noble et éminemment stratégique.
Votre plus grande fierté professionnelle ?
Chez Too Good To Go, nous avons mis en place, dans deux équipes, un système de management très participatif : une partie des responsabilités managériales ont été déléguées aux collaborateurs (sur les volets recrutement, outils, formation, animation de l’équipe par exemple). Nous avons co-construit avec eux une nouvelle forme d’organisation, avec une répartition des rôles différente. Des personnalités s’y sont révélées, des projets incroyables y sont nés. C’est une véritable fierté pour moi que d’avoir participé à impulser un système aussi innovant.
Mon autre fierté dans cette entreprise, c’est l’académie interne de formation, qui est portée par des collaborateurs. Je suis tout aussi fière de ce programme, où des salariés transmettent leurs connaissances et créent leurs propres formations pour aider leurs pairs à monter en compétences. Depuis le début de l’année, 82% de l’équipe a été formée sur un ou plusieurs sujets comme la gestion de projet, la négociation ou encore la prise de parole en public, ce qui représente plus de 200 participations à ces formations internes. J’en retire la conviction que la formation ne passe pas uniquement par de l’externe et des grandes théories : le succès de notre académie interne est la preuve qu’il n’y a pas de meilleure formation que les conseils donnés par des pairs.
Un événement qui a bouleversé votre vie professionnelle ?
Une formation a grandement influencé ma façon d’agir en tant que professionnelle RH. Il y a deux ans, je me suis formée au métier de coach, ce qui m’a conduit à travailler sur des compétences a priori propres aux RH : l’écoute, l’empathie, la bienveillance. J’ai appris à aider l’autre à trouver les meilleures solutions pour lui-même, plutôt que de les chercher moi-même. Cette posture, je l’ai gardée vis-à-vis des collaborateurs et des managers. Elle est à mes yeux beaucoup plus responsabilisante, saine et durable pour chacun. Cette formation m’a été très bénéfique, et je la recommande à toute personne travaillant dans les RH.
La qualité qui fait l’unanimité dans votre entourage ?
Je suis une personne très engagée, et mon engagement est contagieux. Je suis énergique, et j’ai une bonne capacité à embarquer les autres avec moi, autour de projets et de convictions. Je crois beaucoup à la co-construction ; au fait de challenger ensemble des processus en place, tous assis autour d’une table ; et l’une de mes forces est justement de réussir à fédérer autour d’un même but. Je vois le RH comme un chef d’orchestre : il coordonne des expertises et met en musique des talents dans une équipe. C’est en tout cas ce que je m’efforce de faire.
Votre devise professionnelle ?
« La forme au service du fond ». En tant que RH, nous nous concentrons beaucoup sur le fond, en particulier la mise en place de process, mais la forme n’est pas, à mes yeux, à négliger. J’essaie de faire très attention à la façon dont je communique des messages au bon moment (au niveau individuel et collectif), avec les bons mots et le bon support ; ainsi qu’à la manière de donner envie à chacun de participer. Ce volet communication de ma fonction est à mes yeux très important. Car si le fond est primordial, il faut lui associer la bonne forme pour qu’il ait un véritable impact.
Votre pain noir et votre pain blanc de décideur RH ?
La diversité des missions RH est très importante, et certaines, comme la paie ou les accords d’entreprise, m’épanouissent moins que d’autres. Mais elles font partie des fondamentaux, et il n’est pas possible de les laisser de côté. Je puise en revanche beaucoup de richesses dans l’accompagnement des managers. La fonction RH est très stratégique, mais la ligne managériale l’est encore plus. Les chefs d’équipe sont les relais de l’engagement des collaborateurs, et ont un impact important sur leur quotidien. Je prends beaucoup de plaisir à les écouter, à les orienter, à les former et à les armer. Les voir grandir ensuite est une grande source de fierté pour moi.
Reste l’impact sociétal que peut avoir la fonction RH. Chez Too Good To Go, je travaille au quotidien pour prouver qu’il est possible de concilier business et impact, au sein d’une entreprise où il fait bon vivre. J’apprécie cette mission cruciale qui consiste à accompagner des collaborateurs engagés, avec de véritables convictions (sociales, écologiques). Dans un tel contexte, face à cet engagement de leurs collaborateurs, les RH se doivent d’être eux aussi au rendez-vous.
Le personnage de fiction qui incarne le mieux la fonction RH ?
Le Caméléon, ou encore Ethan Hunt de Mission Impossible… Des personnages capables de changer régulièrement de peau. La palette de la fonction RH est très importante, et l’on change de casquette en permanence ; de l’animation du team building à la paie, en passant par des entretiens de recrutement, le lancement d’une formation ou des débats avec la direction sur des projets stratégiques. Le grand écart est constant, dans une même journée, entre l’individuel et le collectif, entre le micro-opérationnel et le stratégique. C’est une fonction par moment assez schizophrène ! (rires) J’aime tout particulièrement cette diversité, mais l’un des points de vigilance de ce métier est de ne pas s’enliser dans trop de micro-tâches ou d’opérationnel, jusqu’à en perdre la vision et l’impact. Le défi est de réussir à automatiser certains processus, à faciliter le quotidien et à donner de l’autonomie à chacun, plutôt que de se poser constamment en support.
La différence entre un bon et un excellent décideur RH ?
A mon sens, l’excellent décideur RH est un équilibriste. C’est celui qui parvient à trouver le juste équilibre, très infime, entre le collectif et l’individuel, entre la performance et le bien-être, entre la vision et l’opérationnel, entre la prudence (en tant que garant de la sécurité de chacun et du respect du droit du travail) et la prise de risques (pour tester des projets, porter des convictions et tester de nouvelles organisations). Pour trouver cet équilibre, il doit absolument définir et affûter ses convictions, car ce sont elles qui lui permettront de trancher et de faire des choix.
Le collaborateur idéal ? Celui avec lequel vous aimeriez travailler ?
J’aime la diversité des profils, mais le collaborateur idéal, c’est pour moi celui qui est capable d’exprimer sa singularité, au service du projet de l’entreprise. S’il est lui-même, authentique et aligné, il s’engage et parvient à mobiliser également les autres derrière lui.
Le DRH du futur selon vous ?
Je ne suis pas sûre que l’on parlera encore de DRH, mais selon moi, cette fonction ne se transformera pas non plus profondément. Demain, elle devra surtout se recentrer sur certains fondamentaux, et les réaffirmer : le collectif (dans une période de télétravail accru), l’engagement individuel (face à des collaborateurs en quête de sens et d’impact) et l’alignement (entre les discours et les faits).
Bio
- Depuis 2020 : Head of People and Culture de Too Good To Go
- 2019 : Formation en coaching à l’IFOD
- 2014-2020 : Consultante & responsable des RH chez The Boson Project, et manager d’artiste.
- 2010-2014 : Chargée de communication internationale et responsable de la Diversité de Mazars
- 2009-2010 : Responsable de la programmation culturelle française en Malaisie, rattachée au service culturel de l’Ambassade de France et à l’Alliance française de Kuala Lumpur, en VIA (Volontariat International en Administration).
- 2008-2009 : Assistante de directeur artistique chez Sony/ATV
- 2005-2009 : Master 2 de « Marketing et Communication » à NEOMA Business School
Envie d’échanger avec nos équipes ?