Le MOOC bien plus qu’une mode
Devenu, dès son apparition, un moyen d’apprentissage tendance, le MOOC porte encore l’héritage de l’environnement qui l’a vu naître, à savoir l’université. Alors que certains ne voient dans le MOOC qu’un avatar de l’e-learning, force est de constater qu’il est en train de changer le visage de celui-ci. De fait, les formations e-learning se sont rapidement vu reprocher les mêmes défauts que les traditionnelles formations en présentiel : trop longues, trop didactiques, insuffisamment ludiques. Les MOOC ont donc facilement éveillé l’intérêt de l’entreprise, d’autant qu’ils présentent les mêmes avantages en termes de coût, de flexibilité et de facilité d’organisation que la formation à distance classique.
L’appropriation des MOOC par l’entreprise s’est vite accompagnée de l’apparition d’autres acronymes : le COOC (corporate online open course), une application des MOOC au sein de l’entreprise destinée à la formation des salariés, et le SPOC (Small private online course), réservé lui à une communauté de participants sélectionnés.
De bonnes raisons de franchir le pas
1. Former vite et bien
Traditionnellement, l’apprentissage par les collaborateurs de nouvelles compétences nécessaires à leur prise de poste s’opérait surtout à leur arrivée dans l’entreprise. Principal atout des MOOC, ils permettent aux employés de se former de manière continue, que ce soit sur leur secteur d’activité ou sur de nouveaux outils leur permettant d’optimiser leur performance. Nombre de DRH l’ont déjà compris, la rapidité avec laquelle une compétence peut s’acquérir permet aux entreprises de gagner en agilité : à titre d’exemple, un MOOC d’entreprise permettra de former très rapidement une équipe de commerciaux à un nouveau produit particulièrement innovant ou complexe, et à mettre aussitôt ce nouveau savoir en pratique.
2. Identifier et recruter des talents
Parce qu’ils permettent de collecter des données, les MOOC d’entreprise offrent une opportunité intéressante d’identifier les collaborateurs qui souhaitent développer leurs compétences de façon significative. D’autre part, une entreprise peut prévoir, en concevant ce parcours pédagogique d’un nouveau genre, de l’utiliser pour son processus de recrutement. Il devient alors possible pour les DRH d’identifier les talents les plus intéressants parmi les participants et de les sélectionner pour un entretien.
L’analyse de données collectées, au-delà de la réussite aux quizz et examens, peut aussi servir à évaluer la qualité des interventions des apprenants dans les forums.
3. Attirer de nouveaux clients
Même si générer du business n’est pas la vocation première d’un MOOC, il est logique de penser que des personnes s’intéressant à celui de l’entreprise risquent de s’intéresser également à ses produits, services et prestations. Paraître moderne et innovant à travers son MOOC ne peut que valoriser l’image de l’entreprise vis-à-vis de l’ensemble de ses publics, notamment en termes de marque employeur. Mieux qu’une communication publicitaire, un MOOC peut contribuer à positionner une entreprise favorablement dans l’esprit de ses participants.
Des points de vigilance avant de se lancer
Il existe des organismes spécialisés proposant aux entreprises de créer leur MOOC. Étroitement associées à la création du contenu pédagogique, ces structures assurent également l’animation des forums et la promotion du MOOC, notamment sur les réseaux sociaux. N’hésitez pas à mettre ces prestataires en concurrence pour bénéficier du service le plus adapté à votre contexte et d’un MOOC de qualité.
L’élaboration du contenu du cours est bien entendu essentielle pour la qualité finale du MOOC. Il est virtuellement impossible de transposer d’un claquement de doigts le contenu d’un cours présentiel de 30 slides en PowerPoint en MOOC attractif, séquencé et interactif. Si ce contenu reste au fond le même, il nécessite donc un travail important de réécriture et de synthèse. Différentes modalités pédagogiques, par exemple des vidéos courtes et impactantes, doivent être envisagées pour améliorer l’expérience utilisateur. Il convient aussi de veiller à la qualité des intervenants, de l’élocution de ces derniers, des moyens techniques alloués à l’enregistrement…
Par ailleurs, la question du financement du MOOC d’entreprise pose également question. En vigueur depuis le 1er janvier 2015, la réforme de la formation professionnelle va donner à terme aux salariés une plus grande liberté dans le choix de leur formation. S’il s’avère prochainement possible de retenir des formations en ligne utilisables dans le cadre du compte personnel de formation, il y a fort à parier que les MOOC puissent aussi tirer leur épingle du jeu. Plus un Mooc s’inscrira dans une démarche de certification du parcours de l’apprenant, plus il se rapprochera des critères exigés pour être éligible au CPF. Le CPF ne représente cependant qu’une part des financements alloués à la formation. Compte tenu de l’obligation légale pour les employeurs de veiller à l’employabilité de leurs collaborateurs, la reconnaissance des MOOC au regard des bénéfices qu’ils engendrent dans l’entreprise pourrait évoluer plus rapidement qu’il n’y paraît aujourd’hui.
Dotés de sérieux atouts pour séduire à la fois dirigeants, DRH et collaborateurs, les MOOC d’entreprise semblent appelés à se développer au sein des plans formation déployé par les organisations RH. Pratiques et relativement simples à mettre en œuvre pour déployer une stratégie numérique d’apprentissage collaboratif, ils pâtissent encore de n’être pas pleinement reconnus dans les dispositifs de financement de la formation. Ce point ne constitue cependant pas un réel obstacle pour leur multiplication dans les programmes de formation des entreprises, car la réforme à l’œuvre invite ces dernières à investir dans des modalités de développement de compétences qui outrepassent le périmètre jusque-là strictement défini de la formation professionnelle.
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