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La logique de sobriété numérique s’inscrit dans une stratégie RSE plus globale, incontournable pour une marque employeur engageante qui favorise le recrutement et la fidélisation des talents.

Face à des émissions de gaz à effet de serre par le secteur du numérique qui augmentent de 6% par an et à un bilan carbone pour le moins inquiétant, l’entreprise et, en particulier, la fonction RH ont leur rôle à jouer pour sensibiliser les collaborateurs sur les bons usages à adopter. 95% des entreprises du tertiaire sont concernés par la sobriété numérique et doivent passer de la théorie à la pratique en matière de réduction des usages néfastes pour l’environnement. La généralisation du télétravail ne fait qu’accentuer notre dépendance au numérique via l’usage de la visioconférence et de nombreux d’équipements informatiques. Dans ces conditions, comment mettre en place un environnement de travail durable et éduquer les collaborateurs au changement vers des habitudes plus écoresponsables ?

 

La sobriété numérique : un autre défi de taille qui incombe la fonction RH

L’accélération de la transition écologique est l’un des enjeux menés de front par les entreprises et en particulier par les directions RH. Ce défi majeur peut être découpé en plusieurs pans. Outre la sobriété énergétique, un autre enjeu de plus en plus préoccupant concerne la sobriété numérique, avec pour objectif principal de réduire les émissions de gaz à effet de serre émises par les appareils électroniques. Cet autre challenge amène la fonction RH à s’interroger sur les mesures préventives à appliquer et les dispositifs de formation à mettre en place pour informer, éduquer et mobiliser l’ensemble des collaborateurs. Pour cela, l’entreprise doit œuvrer pour réduire ses dépenses énergétiques et limiter son utilisation du numérique, sans perdre en performance. Un jeu d’équilibriste à mener en plusieurs étapes et qui commence par une prise de conscience, au préalable car, derrière cet enjeu de la sobriété numérique, se cache une méconnaissance des impacts liés à l’usage d’équipements technologiques.

 

Donner des ordres de grandeur pour évaluer les impacts des usages du numérique

Les acteurs de l’entreprise doivent porter un autre regard sur les ordres de grandeur de l’impact de leurs actions, de façon à davantage se responsabiliser. Certains discours prédominants semblent erronés et empêchent une vision juste des actions et de leur impact. Si le fait d’éviter l’usage des pièces jointes dans les emails ou de trier régulièrement ses mails permet effectivement de limiter les émissions de gaz à effet de serre, ces pratiques ne représentent finalement que 0,3% de la totalité de l’empreinte carbone du numérique.

Pour mieux se rendre compte des ordres de grandeur, un simulateur de l’ADEME permet de mesurer l’empreinte carbone des mails, du streaming ou de la visioconférence pour connaître les enjeux environnementaux et les impacts réels de chaque usage/appareil. Par exemple, il est possible de connaître l’empreinte numérique individuelle provenant de son usage de la visioconférence, selon le terminal utilisé. 

La création des ateliers de La Fresque du Numérique permettent, entre autres, de comprendre en équipe, de manière ludique, les enjeux environnementaux du numérique. Une dizaine d’apprenants collaborent ensemble autour d’un serious game, afin de prendre conscience de l’impact du numérique sur notre environnement.

 

Des solutions complémentaires pour engager les collaborateurs dans cette démarche

Pour consolider les connaissances acquises et créer un cercle vertueux visant à réduire l’empreinte du numérique, d’autres actions concrètes peuvent être mises en place au sein de l’entreprise. Sous forme de piqûres de rappel ou de challenges via des jeux en interne, ces actions peuvent permettre de mobiliser et d’engager l’ensemble des collaborateurs vers des usages écoresponsables.

Des quiz peuvent être communiqués en interne pour contrôler les connaissances sur le sujet de la sobriété numérique. Il peut s’agir, par exemple, d’un quiz sur l’économie d’énergie.

Il existe également des MOOC certifiants permettant d’éduquer les collaborateurs et de les informer des impacts environnementaux du numérique. Les modules sont généralement réservés aux services informatiques. D’autres MOOC peuvent concerner les achats responsables. Ces formations, intégrées dans l’offre de formation mise en place dans les organisations, peuvent permettre de mesurer, de décrypter et d’agir en tant que citoyen et collaborateur dans un monde numérique.

D’autres entreprises sensibilisent leurs collaborateurs avec des affiches permettant de rappeler les bons gestes à appliquer au quotidien pour réduire l’empreinte du numérique. Par exemple, au sein du cabinet ConvictionsRH, nous avons 4 écogestes publiés chaque mois par nos collaborateurs. Cette démarche peut impliquer les équipes RH, marketing et RSE. 

La fonction RH pourra s’assurer de la bonne conduite de ce projet en veillant à une bonne cohérence globale entre les informations divulguées dans le programme de sensibilisation et les mesures mises en œuvre. Cela évitera de créer un effet déceptif chez les collaborateurs. Le fait d’instaurer ce dispositif permettra à la fonction RH de communiquer en interne et en externe sur les actions menées. De quoi avoir un impact positif sur la culture d’entreprise et la marque employeur pour permettre d’attirer et de fidéliser les talents plus facilement.

 

Communiquer des consignes pour rendre les collaborateurs acteurs du changement

Plusieurs conseils et consignes peuvent être communiqués aux collaborateurs, afin de les sensibiliser à cet enjeu de sobriété numérique. Par exemple, des pratiques écoresponsables peuvent être expérimentées telles que l’utilisation du WiFi au lieu de la 4G ou 5G ou la limitation des flux vidéos avec des règles d’usage de la caméra en cas de réunion en visio. De plus, le fait de privilégier la faible définition (moins consommatrice d’énergie) et d’appliquer des gestes pour augmenter la durée de vie des batteries peut aussi aider à réduire l’empreinte carbone. Une fois assemblées, toutes ces actions quotidiennes appliquées à grande échelle pourront avoir un impact fort et permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre. 

Il est également possible de collecter des retours de chacun des collaborateurs afin d’obtenir des propositions d’amélioration, des témoignages et autres expérimentations concernant les pratiques à adopter. Puis, cette remontée d’informations individuelles peut être transformée en actions collectives, de façon à responsabiliser les salariés et à les rendre acteurs du changement vers une plus grande sobriété numérique.

 

Impliquer la direction des achats et la DSI pour assurer la sobriété numérique

Pour relever ce défi de la sobriété numérique, la direction RH doit officier, au niveau stratégique, avec la direction des achats, ainsi qu’avec la DSI (direction des systèmes d’information). 

L’objectif étant de trouver le meilleur équilibre entre réduction de l’impact environnemental du numérique de l’organisation (matériels reconditionnés / recyclés ou neufs avec indice de réparabilité élevé) et garantie de performance et de sécurité. Côté directions RH, il s’agit de s’assurer de la qualité d’utilisation pour les collaborateurs et des mix possibles entre équipements personnels et professionnels, quant à leurs conditions de travail.

 

Un changement de paradigme sur notre façon de consommer et nos usages

Il est également possible de changer de regard sur notre façon d’aborder la consommation. Si le souci de performance doit nécessairement rester au premier plan, l’usage devrait être privilégié au simple effet de nouveauté ou de mode. Cela peut concerner la pratique du Bring Your Own Device” (aussi appelé BYOD, que l’on peut traduire en français par “prenez vos appareils personnels”) qui désigne l’usage d’équipements informatiques personnels dans un contexte professionnel, pour réduire au maximum le nombre d’équipements informatiques. Un nombre croissant d’entreprises l’examinent de près pour limiter leur empreinte environnementale. Cette pratique doit évidemment être encadrée par l’organisation, avec des règles d’utilisation claires, de façon à prévenir les risques de mélanges entre usages professionnels et privés, via la génération de sessions différentes sur un même appareil, l’utilisation d’appareils à double carte SIM (l’une à usage personnel et l’autre à usage professionnel)…. Le recours à cette pratique concerne les directions RH, mais pas seulement. Si ces derniers peuvent avoir de l’influence sur la décision, les fonctions achats et DSI doivent être également consultées.

 

En agissant de façon concrète et congruente, les entreprises peuvent développer leurs pratiques écoresponsables pour répondre au défi de la sobriété numérique. Pour une mise en place réussie, l’implication des collaborateurs dans cette démarche est clé. La fonction RH a son rôle à jouer via la création de dispositifs de sensibilisation et de formation adéquats. Ainsi, cette logique de sobriété numérique s’inscrit dans une stratégie plus globale de RSE, incontournable pour une marque employeur engageante qui favorise le recrutement et la fidélisation des talents.

 

*https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/05/01/la-recherche-au-defi-de-la-sobriete-energetique-du-numerique_6171677_1650684.html

 

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