Tous les mois, nous partons à la rencontre d’un décideur RH. Découvrez son parcours, les mille facettes de sa personnalité, ainsi que sa vision de la fonction RH, au travers d’un portrait empreint d’humanité et d’authenticité. Anne-Sophie Nicoloso amorce sa carrière en tant que contrôleur de gestion chez Brenntag SA, où elle exerce de 2000 à 2002. Son vif intérêt pour le secteur RH l’incite à explorer cette voie. Elle occupe alors le poste de DRH adjointe chez Brenntag SA jusqu'en 2011. Par la suite, Anne-Sophie Nicoloso relève de nouveaux défis, d’abord en tant que HR Associate Director - Zoe chez Sanofi Pasteur MSD, puis en prenant les rênes de la fonction RH chez Transports Rapides J Besson et Cie. Elle occupe le poste de DRH au sein du groupe Capio et chez AFIPH, puis rejoint le Centre Léon Bérard en 2021 en tant que DRH. Ce centre est l’un des acteurs majeurs dans la lutte contre le cancer en France. Parmi les 18 centres spécialisés du pays, il se distingue comme un ESPIC (Établissement de Santé Privé d'Intérêt Collectif) qui se consacre à trois activités essentielles : le soin aux patients, la recherche scientifique, et l'enseignement dans son secteur d’activité (on assure des enseignements dans tous les domaines). Portrait d'une leader à l'esprit créatif qui excelle dans l'art de découvrir et de valoriser les singularités de ses collaborateurs au quotidien. Sa perspicacité stratégique lui permet d’impulser les transformations nécessaires au sein du CLB.
Pourquoi les RH ?
Initialement, je me suis orientée vers la finance, en me formant en gestion financière. Après mes études, j’ai commencé ma carrière en tant que contrôleuse de gestion. Toutefois, l’intérêt pour le domaine des RH a toujours été présent, même durant mes années de formation. À la sortie de l’école, les opportunités d’emploi étaient plus abondantes dans le contrôle de gestion, ce qui a guidé mon choix initial. J’étais intimement convaincue de l’importance d’avoir une solide base en finance pour réussir dans les RH. Cette expertise financière permet de comprendre les enjeux économiques, mais aussi d’apporter une vision stratégique et pragmatique à la fonction RH.
Votre plus grande fierté professionnelle ?
Elle se situe dans le développement et l’épanouissement de mon équipe. J’ai eu le plaisir de vivre cette satisfaction à plusieurs reprises au cours de ma carrière. La force d’une équipe ne se limite pas à son recrutement, mais se manifeste aussi dans la capacité à identifier et à valoriser les talents et les qualités uniques de chaque membre. C’est en embrassant cette diversité que nous bâtissons une équipe soudée et performante.
Le défi RH du moment selon vous ?
Au Centre Léon Bérard, notre principal enjeu est la numérisation de nos processus RH. Bien que nous soyons un centre d’innovation et de référence pour nos patients, notre structure a connu une croissance rapide, passant de la taille d’une PME à celle d’une ETI. Cette transition s’est accompagnée d’une augmentation de nos effectifs de 3 à 5%. Malgré cette croissance, nous avons tardé à adopter pleinement le numérique, et de nombreux processus restent très dépendants du papier. Notre objectif est donc de rattraper ce retard en matière de digitalisation.
L’aspect de vos missions qui vous procure la plus grande satisfaction ?
Je dirais que ce n’est pas tant lié à des missions spécifiques, mais plutôt à l’interaction avec les personnes. Chaque collaborateur avec lequel je travaille a ses propres singularités, ce qui m’oblige à me réinventer constamment. Ce dynamisme est inhérent au domaine des ressources humaines. Malgré l’existence de nombreuses théories et livres sur le sujet, chaque situation est unique car elle implique des individus différents. S’adapter à chaque personne et à chaque contexte est un processus extrêmement enrichissant. Cette capacité d’adaptation me permet de m’épanouir, tant professionnellement que personnellement.
Quelle serait votre devise professionnelle ?
La première serait “Never give up” (Ne jamais abandonner). Cette maxime résonne fortement pour moi car elle reflète la résilience et la persévérance nécessaires dans le domaine des ressources humaines. L’aspect humain y occupe une place centrale et se révèle souvent imprévisible. Nous devons garder espoir et ne jamais renoncer, quelle que soit la situation.
La seconde, applicable au-delà de la fonction RH, serait : “On a toujours quelque chose à apprendre des autres”. Cette idée souligne l’importance de l’apprentissage continu, quelles que soient les circonstances. Que ce soit à travers nos échecs, ou en interaction avec des personnes avec lesquelles nous ne sommes pas en phase, chaque situation est une opportunité d’apprendre et de s’enrichir. Cette approche m’incite à rester ouverte et réceptive à tout moment.
Faut-il privilégier la remise en question de nos propres méthodes ou se fier à notre intuition lorsque nous sommes confrontés à la gestion d’une situation délicate avec un collaborateur ?
Dans la gestion des situations impliquant des collaborateurs, je crois fermement que l’intuition et la remise en question peuvent et doivent se compléter. Avec l’expérience, on apprend à se fier davantage à son intuition. Toutefois, dans un domaine où les aspects juridiques sont également en jeu, cette intuition ne doit pas nous guider vers des actions impulsives. Elle doit être complétée par une démarche prudente et réfléchie.
La qualité qui fait l’unanimité dans votre entourage ?
J’ai décidé de soumettre cette question à mes collaboratrices pour avoir leur avis. Je tiens à souligner que cet exercice s’est révélé plus complexe qu’il n’y paraît. En compilant leurs retours, j’ai identifié les termes les plus fréquemment cités pour définir la qualité qui me caractérise le plus selon elles. Et c’est l’humanité qui a émergé comme étant la qualité la plus soulignée.
Deux autres traits se sont démarqués : le premier est la créativité, un aspect essentiel dans notre fonction RH. Cela implique la remise en question, l’innovation, et la capacité à imaginer et construire de nouvelles approches. Le second est la capacité à être une bâtisseuse, à créer des fondations solides et durables. Ces qualités, réunies, représentent ma “botte secrète” en tant que DRH.
La différence entre un bon et un excellent décideur RH ?
L’élément qui distingue un bon décideur RH d’un excellent tient principalement dans sa capacité à gérer adroitement les intérêts individuels avec ceux du collectif. Un décideur RH de premier plan parvient à convaincre chaque membre que le bien du groupe doit l’emporter sur les considérations personnelles. Ainsi, la clé du succès réside dans l’aptitude à forger une vision où les aspirations individuelles et celles du groupe se complètent et se renforcent mutuellement.
Votre truc pour motiver vos troupes ?
Pour motiver mes équipes, j’ai deux approches. D’un côté, il y a une touche humoristique : le chocolat. Cela peut sembler anecdotique, mais c’est une petite chose qui a son importance et que l’on évoque souvent. Sur le plan plus managérial et méthodologique, ma stratégie repose avant tout sur l’adhésion. Il est indispensable de prendre le temps nécessaire pour que les collaborateurs, pairs ou interlocuteurs concernés s’approprient pleinement un projet ou une idée. Un élément essentiel de cette motivation est de cultiver une atmosphère où les gens peuvent aborder leurs défauts avec autodérision. Cela les libère de la peur de paraître ridicules ou de commettre des erreurs, et les encourage à être proactifs.
Le DRH du futur selon vous ?
Le DRH du futur devra être un expert facilitateur, face à un élargissement de ses responsabilités au sein des organisations. Cela inclut l’amélioration des conditions de travail et la promotion de la responsabilité sociale des entreprises (RSE), mais aussi l’engagement dans d’autres enjeux clés. Notre mission est de simplifier et d’optimiser les processus au sein des organisations, y compris celles ayant une structure traditionnellement pyramidale. Je ne prétends pas que l’approche matricielle soit la meilleure, mais nous devons permettre aux entreprises de s’adapter avec agilité et d’anticiper les défis à venir.
Bio :
- Depuis 2021 : DRH d’une équipe de 2 300 personnes chez Centre Léon Bérard
- 2017-2020 : DRH d’une équipe de 2000 personnes chez AFIPH
- 2015-2016 : Chargé de mission RH Groupe chez Capio France
- 2015 : Directeur des ressources humaines chez Capio (Clinique de la Sauvegarde)
- 2014-2015 : DRH chez Transports Rapides J Besson et Cie
- 2011-2012 : HR Associate Director – Zoe chez Sanofi Pasteur MSD
- 2002-2011 : DRH Adjoint chez Brenntag SA
- 2000-2002 : Contrôleur de gestion chez Brenntag SA
- 1999-2000 : Financial Controller chez la Cave de Die Jaillance
- 1998-1999 : Master 2 en contrôle de gestion et NTIC à l’Université de Montpellier
- 1996-1998 : MSG Finances et Management des RH (Cirq Developer)
