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Nous pouvons mobiliser une équipe ou une organisation entière en faisant appel aux émotions et en comprenant les motivations des individus. Pas seulement leur intellect. C'est l’une des grandes forces de la fonction RH.

Tous les mois, nous partons à la rencontre d’un décideur RH. Découvrez son parcours, les mille facettes de sa personnalité, ainsi que sa vision de la fonction RH, au travers d’un portrait empreint d’humanité et d’authenticité. Vanessa Robert débute au sein du Groupe La Poste, où elle assume la responsabilité de la prévention, de la santé et de la sécurité au travail du réseau. En 2009, elle décide de rejoindre La Banque Postale, où elle occupe successivement les postes de responsable développement RH, puis de responsable recrutement et carrières. En 2015, Vanessa Robert accède à la fonction de directrice des ressources humaines de La Banque Postale Consumer Finance. Depuis 2021, elle est directrice RH et RSE au sein de l'APEC. Portrait d’une dirigeante inclusive qui aime profondément conduire les transformations et mobiliser ses collaborateurs autour de projets communs.

 

Pourquoi les RH ?

Pour moi, la fonction RH est fondamentalement stratégique au sein des organisations. Souvent incomprise et parfois mal perçue, elle est pourtant essentielle. Un des aspects souvent mésestimés concerne le lien avec la ligne managériale. Je suis convaincue que management et RH sont étroitement liés. Peter Drucker disait que la culture « mange » la stratégie au petit-déjeuner, et je trouve cette affirmation particulièrement juste. Une entreprise peut élaborer la meilleure des stratégies, mais si elle ne travaille pas en parallèle sur sa culture, qui est largement influencée par les pratiques des managers, et sur la manière dont les équipes sont gérées, cela ne fonctionnera pas comme prévu. Je pense que cet aspect stratégique et managérial du rôle de DRH représente ce que j’affectionne le plus. J’espère l’exercer encore pendant de nombreuses années.

 

Votre plus grande fierté professionnelle ?

J’ai envie de vous parler d’un projet de co-construction que j’ai initié avec la directrice des opérations de mon ancienne entreprise : la Banque Postale Consumer Finance. Nous étions confrontés à plusieurs défis complexes qui concernaient notamment la rémunération variable, la communication auprès des équipes et la formation des collaborateurs…

Notre approche a consisté à identifier des leaders au sein de l’organisation. Ces managers leaders ont ensuite dirigé en toute autonomie des groupes de travail de collaborateurs volontaires. Pour encadrer cette démarche, nous avons fourni une méthodologie sur la manière de faciliter un travail collaboratif et d’exploiter l’intelligence collective.

En réussissant à embarquer 150 collaborateurs sur les 600 de notre organisation, nous avons complètement revu le dispositif de rémunération variable des conseillers clients, refondu le parcours de formation à l’embauche, amélioré la communication et motivé les équipes. Ce qui est le plus gratifiant, c’est que sept ans après, ces changements sont toujours en place. Le projet n’était plus perçu comme associé à la DRH, mais comme un projet métier à part entière.

 

Quelle serait votre devise professionnelle ?

« On ne peut rien faire de grand sans conquérir les cœurs et les esprits. » Cette citation d’Eugène Schueller, fondateur de L’Oréal, résonne profondément en moi. Je crois que la fonction RH est avant tout une fonction de conviction, où l’on doit véritablement inspirer les autres.

Dans notre rôle, nous sommes constamment en train de communiquer, d’expliquer, d’engager. La fonction RH créé le cadre pour que l’Humain ne soit pas un vain mot. Derrière le mot « humain », il y a la question des cœurs et des esprits. Nous pouvons mobiliser une équipe ou une organisation entière en faisant appel aux émotions et en comprenant les motivations des individus. Pas seulement leur intellect. C’est l’une des grandes forces de la fonction RH.

 

Le personnage de fiction qui incarne le mieux la fonction RH ?

Je pense au personnage de Padmé Amidala dans Star Wars. Ce que j’apprécie chez ce personnage, c’est son engagement ferme envers ses convictions. Elle semble avoir d’excellentes compétences en communication et une grande empathie. Tout cela correspond assez bien au rôle des RH. Sa capacité à défendre ses idéaux et à guider ses actions en suivant la bonne ligne de conduite rappelle également ce que l’on demande à la fonction RH : établir un cadre et des règles tout en défendant les intérêts des collaborateurs et de l’entreprise. Elle arbore également une précocité qui est précieuse pour un DRH qui doit anticiper les évolutions à venir.

 

Votre truc pour motiver vos troupes ?

Je me suis fixé trois principes essentiels à suivre. Tout d’abord, l’importance d’incarner une vision, un leadership, que ce soit en tant que DRH ou en tant que responsable d’une équipe. C’est fondamental pour guider et inspirer. Deuxièmement, je consacre beaucoup de temps à donner un sens à nos actions, il s’agit d’un élément central de ma démarche. Troisièmement, je suis convaincue de l’importance de la co-construction, on l’a vu juste avant. Je ne détiens pas toutes les réponses, et c’est pourquoi je m’appuie très souvent sur mes équipes. Parfois, cette approche peut dérouter, mais je n’hésite pas à solliciter leur avis, voire à demander leur validation sur certaines décisions. J’assume totalement cette approche car je crois que chacun peut apporter sa propre expertise pour le bien de l’entreprise.

 

Le DRH du futur selon vous ?

Ce qui compte le plus, selon moi, c’est de répondre à la transformation constante que nous devons tous mener dans notre domaine. Nous devons être davantage axés sur l’hyper-personnalisation des parcours de développement des collaborateurs que sur la tentative de créer des GEPP standardisés et, en réalité, peu fonctionnelles. Le domaine de la data est également crucial pour collecter et analyser les données et éclairer les prises de décision Il s’agit d’un véritable défi dans la fonction RH car recueillir des données et réussir à en tirer des analyses pertinentes restent actuellement un processus complexe.

L’intelligence artificielle et sa démocratisation en entreprise représentent un enjeu de la fonction RH. Je suis souvent questionnée sur l’impact de l’IA sur le métier RH. J’ai la conviction que l’IA  ne pourra jamais remplacer la relation humaine, la capacité à comprendre les gens, à capter leurs émotions, des compétences qui nous aident à personnaliser nos approches. Nous constatons que de nombreuses tâches peuvent être automatisées ou proposées en libre-service, mais dès que nous avons besoin de quelqu’un pour nous comprendre et nous guider, il nous faut une présence humaine. Nous devons absolument réussir à maintenir cette relation de proximité.

 

Bio

  • Depuis 2021 : Directrice des ressources humaines et de la RSE chez Apec (Association pour l’Emploi des Cadres)
  • 2015-2021 : Directrice des ressources humaines et de la communication interne chez La Banque Postale Consumer Finance
  • 2012-2015 : Responsable Recrutement et Carrières chez La Banque Postale
  • 2009-2012 : Responsable Développement RH chez La Banque Postale
  • 2006-2009 : Responsable Prévention, Santé et Sécurité au travail au sein du Groupe La Poste
  • 2002-2006 : Consultante RH au sein du Groupe La Poste
  • 2000-2002 : Cheffe de projet RH chez Orange
  • 1998-2000 : Responsable recrutement et formation chez Bebedom Seniordom

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