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La capacité d’adaptation du DRH devient la qualité incontournable à cultiver pour répondre aux enjeux et porter les missions qui incombent à la fonction RH.

Tous les mois, nous partons à la rencontre d’un décideur RH. Découvrez son parcours, les mille facettes de sa personnalité, ainsi que sa vision de la fonction RH, au travers d’un portrait empreint d’humanité et d’authenticité. Après un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en ressources humaines obtenu à l’Université Paris-Est-Créteil, Karen Mauger se dirige naturellement vers la fonction RH avec l’envie d’avoir un impact fort sur les organisations. D’abord HR Business Partner chez APC entre 2005 et 2008, elle occupe ensuite le poste de Directrice des ressources humaines et de la communication interne pour la Banque Française Mutualiste jusqu’en 2018. Puis, elle rejoint Intériale Mutuelle, avant de prendre les rênes de la DRH d’Edenred France, de 2019 à 2021. Aujourd’hui, Karen Mauger officie en tant que directrice des ressources humaines de Sciences Po. Portrait d’une DRH bâtisseuse qui prend plaisir à explorer de nouveaux territoires et soucieuse de faire grandir ses équipes avec énergie et ambition.

 

Pourquoi les RH ?

Après mon baccalauréat, j’ai décidé d’aller à l’Université et lors du choix des options, j’ai été particulièrement réceptive au discours tenu par l’un des intervenants, à propos du cursus des ressources humaines. En regardant en arrière, je me rends mieux compte de l’impact que cette personne a eu sur ma décision de m’orienter vers la fonction RH. J’ai ensuite effectué ma scolarité en passant du Deug, à la Licence, jusqu’à la Maîtrise et au DESS en ressources humaines. En tant qu’étudiante, j’avais l’impression que j’allais avoir de l’impact dans une organisation, que le métier était diversifié.

Je trouvais enthousiasmant le fait de pouvoir explorer différents univers, en passant de la paie, aux relations sociales, du développement des compétences, à la mobilité et au recrutement. Ces domaines RH aussi vastes que passionnants m’ont laissé penser que je n’allais pas m’ennuyer. Après 20 ans de parcours professionnel dans les RH, je n’ai vraiment pas été déçue.

 

Votre plus grande fierté professionnelle ?

Ma plus grande fierté est de parvenir à bâtir des fonctions RH solides. Cela a été mon fil conducteur tout au long de mon parcours et j’ai eu la chance de pouvoir collaborer avec des équipes RH passionnées par leurs missions, en plus d’être professionnelles. Au-delà de leurs compétences intrinsèques, je pense que ce qui fait la différence est le fait d’aimer  son métier.

Une autre grande fierté professionnelle est d’être parvenue à obtenir le label Top Employeur, lorsque j’officiais en tant que DRH chez Edenred France. D’ailleurs, nous avons été accompagnés par ConvictionsRH durant ce projet. Devenir Top Employeur a été une vraie réussite collective pour notre direction. Outre la visibilité que cela nous a procuré (les relais médiatiques furent nombreux), le processus d’audit a été long. Nous avons candidaté dès ma deuxième année de prise de fonction avec l’objectif de créer quelque chose de très puissant pour obtenir ce label tant convoité des directions RH. Nous avons coconstruit tous ensemble cette réussite en impliquant dans la démarche nos différents responsables de pôle. Finalement, nous avons obtenu une excellente note, ce qui a récompensé toute l’équipe. Ce label a fortement contribué au rayonnement de nos équipes commerciales qui ont pu relayer cette victoire d’entreprise, auprès de nos clients.

Enfin, pour faire le parallèle avec mon expérience actuelle, en tant que DRH de Sciences Po, nous avons réussi à positionner la fonction RH comme jamais elle n’avait été positionnée jusque-là. Notre équipe RH aspire fortement à faire bouger les lignes. Dans une école à la renommée internationale telle que Sciences Po, nous évoluons dans un environnement privé et public avec des enjeux distincts de ceux des entreprises capitalistiques. Nous bénéficions d’une image prestigieuse qui symbolise la réussite et l’excellence. Au quotidien, nous sommes amenés à côtoyer les meilleurs étudiants et professeurs, ce qui nous incite à progresser continuellement pour rester à la pointe de notre expertise professionnelle.

 

Un événement qui a marqué votre vie professionnelle ?

Je pense que l’épisode le plus marquant reste celui de la crise sanitaire. Nous avons été mobilisés pendant de longs mois. J’ai vraiment senti qu’il se passait quelque chose, avec un point de bascule sans retour en arrière possible. La fonction RH faisait partie intégrante des essentiels. Véritable maillon central, elle s’est montrée présente sur le front en permanence. Cette crise a créé une énergie incroyable au sein de mon équipe et des autres équipes. Alors que tout nous imposait de rester chez nous, nous avons éprouvé le besoin de sentir que nous appartenions à une organisation. Nous avons ressenti la nécessité d’échanger, de partager et de préparer au mieux la reprise.

Globalement, je trouve que la crise aura permis de renforcer considérablement les liens avec les partenaires sociaux. Un dialogue social régulier et de grande qualité s’est créé entre la direction des ressources humaines, les partenaires sociaux et les managers. Aujourd’hui, cette période a profondément réinterrogé la place du travail dans nos vies, avec la généralisation de l’hybridation du travail et la recherche d’un meilleur équilibre vie professionnelle / vie personnelle. Bien que ces changements soient déjà visibles, une longue route reste à dessiner avec de futures évolutions.

 

Votre pain noir et votre pain blanc de décideur RH ?

Mon pain noir est, sans nul doute, le fait de devoir se séparer d’un collaborateur. Il s’agit, selon moi, de l’une des tâches les plus difficiles qui incombe à la fonction de DRH. Lorsque tel est le cas, je considère d’ailleurs qu’il s’agit d’un échec global pour tous. Je m’interroge souvent après ces entretiens difficiles sur les solutions qui nous auraient permis d’éviter cela.

De manière plus large, pour chaque départ, je pense qu’il est primordial d’écouter au maximum le collaborateur. La partie offboarding doit être réalisée avec le plus grand soin et nous devons nous montrer vigilants face aux signaux d’alerte précurseurs à tout départ.

A l’inverse, j’aime voir évoluer les collaborateurs et pouvoir leur offrir l’accompagnement dont ils ont besoin pour s’épanouir. Je les vois évoluer vers des postes à plus fortes responsabilités. Nous pouvons observer avec joie leur évolution, au fur et à mesure des coachings et formations. Cette croissance peut aussi bien se matérialiser par de la mobilité verticale ou horizontale, selon leurs souhaits et aspirations. Ce pan de ma fonction de DRH est celui qui m’enthousiasme le plus.

 

Quelle serait votre devise professionnelle ?

Au-delà d’une devise professionnelle, j’ai fait de mon mantra la célèbre citation “il y a quelque chose de pire dans la vie que de ne pas avoir réussi, c’est de ne pas avoir essayé.” L’échec n’existe pas. Je le perçois plutôt comme un apprentissage où l’on tombe et se relève jusqu’à réussir. Nous y apprenons toujours quelque chose, avec le recul nécessaire. J’aime tenter de nouvelles choses et bâtir constamment de nouveaux horizons, sans avoir la certitude que cela va fonctionner  de manière certaine. Cela permet, bien souvent, de repousser ses limites et d’explorer de nouvelles perspectives. C’est précisément ce que je suis en train de vivre à Sciences Po, nous nous réorganisons avec la création de nouveaux pôles dans l’objectif de déployer une nouvelle stratégie. Notre volonté est d’accompagner l’institution dans la création d’une nouvelle feuille stratégique, avec Mathias Vicherat, Directeur de Sciences Po.

 

Le défaut que vous essayez de cacher ?

J’aime quand les projets avancent rapidement. Il s’agit d’une qualité à première vue mais qui peut se transformer parfois en défaut. Je suis bien consciente de la nécessité de respecter le rythme de l’entreprise.

 

La qualité qui fait l’unanimité dans votre entourage ?

Il faudrait demander à mes supérieurs et à mes équipes mais je pense que beaucoup mettraient en exergue mon énergie. Cela vient sans doute du fait que j’aime mon métier et les sujets que je porte au quotidien. Je m’investis pleinement dans leur réussite et dans leur mise en œuvre. Lorsque je fais quelque chose, je le fais vraiment. Ce mode de fonctionnement dépasse la sphère professionnelle. J’ai 5 enfants et malgré la place importante qu’occupe mon métier, je ne veux rien sacrifier. Je pense que nous n’avons qu’une vie et qu’il faut la vivre à fond. Je vis donc ma vie personnelle et professionnelle avec la même passion.

 

Le personnage de fiction qui incarne le mieux la fonction RH ?

J’ai pensé d’emblée à Superman. Puis, je me suis demandé pourquoi choisir un homme. Cela fait partie des combats que je mène, en tant que DRH, depuis plusieurs années. Je prends à cœur le sujet de la position des femmes dans le monde du travail. Mon choix se porte donc plutôt sur Wonder Woman. J’ai fait quelques recherches et la définition trouvée me plaît bien. Il est dit que Wonder Woman a été conçue par le Docteur Marston, dans le but de promouvoir un modèle de féminité forte, libre et courageuse, pour lutter contre l’idée que les femmes seraient inférieures aux hommes et pour inspirer les jeunes filles dans le développement de leur confiance en elles. Cette définition résonne vraiment en moi. Par ailleurs, elle possède d’autres pouvoirs tels que celui de la résistance au contrôle mental. Je trouve que cela fait bien le parallèle avec le métier de DRH qui exige de s’affranchir au maximum des influences extérieures, de façon à prendre les meilleures décisions.

 

La différence entre un bon et un excellent décideur RH ?

Selon moi, le bon décideur RH est, avant tout, un bon professionnel de la fonction. Il assure  la fonction au quotidien et dispose d’une bonne expertise sur les nombreux domaines inhérents aux ressources humaines.

L’excellent décideur RH a, quant à lui, ce petit supplément d’âme qui fait toute la différence. Il aime profondément les gens, les écoute attentivement. Ces qualités me semblent essentielles pour occuper la fonction. Il se questionne en permanence sur les pratiques, même sur celles que tout le monde pense comme établies. Il doit aussi se demander si ce qu’il pense est vraiment une vérité absolue, ce qui l’amène souvent à se remettre en question et à envisager d’autres points de vue et perspectives.

 

Votre truc pour motiver vos troupes ?

Cultiver la richesse de la différence ! Incontestablement, je dirais la capacité à constituer une équipe très différente de soi. J’aime m’entourer de personnalités multiples car cela fait la richesse du groupe. J’ai besoin que l’équipe prenne plaisir à collaborer ensemble et partage une vision commune.

Par exemple, à Sciences Po, j’ai coconstruit la stratégie RH avec mon équipe en place. J’avais besoin de l’adhésion de toute l’équipe et que chacun comprenne bien sa place pour mener à bien la nouvelle stratégie.

 

Le DRH du futur selon vous ?

Le monde de l’entreprise est en constante évolution. La capacité d’adaptation du DRH devient la qualité incontournable pour répondre aux enjeux et porter les missions qui incombent à la fonction RH. La place du travail dans la vie des individus a changé. C’est à nous, DRH, de nous adapter en conséquence. Cela nous oblige à repenser les modes d’organisation du travail, le management et nous n’en sommes encore qu’aux prémices. De la même façon que pour la création des parcours clients, nous devons construire des parcours individualisés capables de répondre aux besoins spécifiques de chaque salarié. A nous, DRH, de répondre à leurs attentes, en particulier celles des nouvelles générations. Les prochaines années s’annoncent passionnantes pour la fonction RH.

 

Si c’était à refaire, les RH encore et toujours ?

Absolument, cela fait déjà 20 ans que j’exerce dans les RH et je ne suis qu’à mi-parcours. Il me reste encore plus de 20 ans pour mener à bien de nouveaux projets et construire de nouveaux dispositifs. Je les attends avec impatience.

 

Bio

  •   Depuis 2021 : Directrice des ressources humaines de Sciences Po

  •   2019-2021 : Directrice des ressources humaines d’Edenred France

  •   2018-2019 : Directrice des ressources humaines et de la communication interne chez Intériale Mutuelle

  •   2008-2018 : Directrice des ressources humaines et de la communication interne et des affaires générales de la Banque Française Mutualiste

  •   2005-2008 : HR Business Partner chez APC

  •  2002-2005 : Responsable recrutement chez Groupe Plus 

  • 2001-2002 : DESS Ressources Humaines, Développement des RH – Université Paris-Est Créteil

 

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